
Face à la montée des enjeux liés au blanchiment d’argent, les avocats ont un rôle crucial à jouer en tant qu’acteurs de premier plan dans la prévention et la détection de ce fléau. Cet article vous présente les obligations légales et déontologiques auxquelles sont soumis les avocats dans le cadre de leur mission de lutte contre le blanchiment d’argent, ainsi que des conseils pratiques pour optimiser leur action.
Obligations légales et déontologiques
Les obligations des avocats en matière de lutte contre le blanchiment d’argent découlent principalement de la directive européenne sur la prévention de l’utilisation du système financier aux fins du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme. Cette directive a été transposée en France par plusieurs lois, dont notamment la loi n° 2004-130 du 11 février 2004 réformant le statut des professions judiciaires ou juridiques, des experts judiciaires, des conseils en propriété industrielle et des experts en ventes aux enchères publiques.
Dans ce cadre, les avocats sont tenus de respecter un certain nombre d’obligations professionnelles, qui incluent notamment :
- la vérification de l’identité de leurs clients et, le cas échéant, des bénéficiaires effectifs ;
- la conservation et l’archivage des documents relatifs à l’identité de leurs clients et aux opérations réalisées pour leur compte ;
- la déclaration auprès de l’autorité compétente (en France, Tracfin) des opérations suspectes ou atypiques ;
- la mise en place d’une organisation interne adaptée pour prévenir et détecter les risques de blanchiment d’argent.
Vérification de l’identité des clients
L’une des premières obligations des avocats en matière de lutte contre le blanchiment d’argent consiste à vérifier l’identité de leurs clients, ainsi que celle des bénéficiaires effectifs lorsque cela est nécessaire. Cette vérification doit être effectuée dès l’établissement d’une relation d’affaires, et peut impliquer la consultation de documents officiels tels que la carte d’identité, le passeport ou encore l’extrait Kbis pour les personnes morales.
L’identification du bénéficiaire effectif est une étape cruciale dans la prévention du blanchiment d’argent, car elle permet de déterminer qui contrôle véritablement une structure juridique et d’éviter ainsi que celle-ci ne soit utilisée à des fins illicites. Pour ce faire, les avocats doivent notamment s’appuyer sur les registres nationaux des bénéficiaires effectifs, qui ont été mis en place suite à la transposition de la directive européenne.
Conservation et archivage des documents
Les avocats sont également tenus de conserver et d’archiver pendant une durée minimale de cinq ans les documents relatifs à l’identité de leurs clients, ainsi que ceux concernant les opérations réalisées pour leur compte. Ces documents peuvent être conservés sous forme papier ou électronique, et doivent être mis à la disposition de l’autorité compétente en cas de contrôle.
Il est important de noter que cette obligation s’applique même si la relation d’affaires n’a pas été établie, ou si elle a pris fin. Ainsi, les avocats doivent s’assurer de disposer d’un système d’archivage efficace et sécurisé, qui garantit la traçabilité et la confidentialité des informations.
Déclaration des opérations suspectes
Lorsqu’un avocat soupçonne qu’une opération est liée au blanchiment d’argent ou au financement du terrorisme, il est tenu de déclarer cette opération auprès de l’autorité compétente, sans en informer son client. En France, cette déclaration doit être effectuée auprès de Tracfin, le service chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Cette obligation s’inscrit dans le cadre du dispositif législatif visant à renforcer la coopération entre les acteurs du secteur privé et les autorités publiques en matière de prévention du blanchiment d’argent. À ce titre, les avocats ont également un rôle important à jouer dans la sensibilisation et la formation de leurs confrères sur ces enjeux.
Mise en place d’une organisation interne adaptée
Enfin, les avocats doivent mettre en place une organisation interne adaptée pour prévenir et détecter les risques de blanchiment d’argent. Cela peut impliquer la désignation d’un responsable en charge de la lutte contre le blanchiment d’argent, la mise en place de procédures internes de contrôle et d’évaluation des risques, ainsi que la formation régulière du personnel sur ces questions.
Les avocats ont donc un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre le blanchiment d’argent, qui passe notamment par le respect scrupuleux de leurs obligations légales et déontologiques. En adoptant une approche proactive et rigoureuse, ils contribuent non seulement à préserver l’intégrité du système financier, mais également à renforcer leur propre crédibilité et celle de leur profession.
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