Le droit des successions est un domaine en constante évolution, notamment en raison des décisions de justice qui viennent régulièrement modifier et préciser les règles applicables. Ces dernières années, la jurisprudence a connu des évolutions importantes, impactant directement les successions et les droits des héritiers. Découvrons ensemble ces changements majeurs et leurs conséquences sur le droit des successions.
L’appréciation de la réserve héréditaire par la Cour de cassation
La réserve héréditaire est une part du patrimoine du défunt que la loi protège au profit de certains héritiers dits « réservataires », généralement les enfants et le conjoint survivant. La Cour de cassation a opéré un revirement de jurisprudence en matière de réserve héréditaire, faisant ainsi évoluer l’appréciation des droits des héritiers réservataires.
Dans un arrêt du 27 septembre 2017, la Cour de cassation a affirmé que le respect de la réserve héréditaire constituait « un principe fondamental reconnu par les lois de la République ». Cette position vient renforcer la protection des héritiers réservataires et limite ainsi les possibilités pour le testateur (la personne qui rédige un testament) d’écarter ces derniers au profit d’autres bénéficiaires.
La protection du conjoint survivant et des héritiers en cas de donation entre époux
La jurisprudence a également évolué concernant la donation entre époux, appelée aussi « donation au dernier vivant ». En effet, la Cour de cassation a précisé, dans un arrêt du 30 mai 2018, que le conjoint survivant qui a accepté une donation entre époux ne peut pas renoncer à la succession du défunt sans perdre les avantages de cette donation.
Cette décision protège les intérêts du conjoint survivant, tout en préservant les droits des autres héritiers. Ainsi, le conjoint survivant doit désormais choisir entre l’acceptation de la succession et la renonciation à celle-ci avec conservation de la donation.
L’incidence de l’article 815-17 du Code civil sur les donations-partages
Les donations-partages sont des actes par lesquels un individu partage tout ou partie de ses biens entre ses héritiers présomptifs. La Cour de cassation a, dans un arrêt du 20 février 2019, affirmé que l’article 815-17 du Code civil s’applique également aux donations-partages. Cet article prévoit que « nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision » et permet ainsi aux indivisaires de demander le partage des biens.
Cette décision offre davantage de souplesse aux héritiers qui souhaitent sortir de l’indivision en cas de mésentente ou pour d’autres raisons. Elle incite également les indivisaires à anticiper la gestion des biens indivis et à prévoir des clauses de partage dans les actes de donation-partage.
La prise en compte des dettes successorales
Les héritiers sont tenus de régler les dettes du défunt, dans la limite de leurs droits sur la succession. La jurisprudence a récemment précisé certaines modalités relatives au remboursement des dettes successorales. Ainsi, la Cour de cassation a affirmé, dans un arrêt du 6 février 2019, que le conjoint survivant qui a accepté une donation entre époux est tenu de contribuer au règlement des dettes successorales même s’il renonce à la succession.
Cette décision vise à préserver l’équilibre entre les droits du conjoint survivant et ceux des autres héritiers. Elle incite également le conjoint survivant à évaluer avec attention les conséquences d’une renonciation à la succession.
Face à ces évolutions jurisprudentielles majeures, il est essentiel pour les héritiers et les testateurs de connaître leurs droits et obligations en matière de successions. L’accompagnement par un avocat spécialisé en droit des successions peut s’avérer précieux afin d’anticiper et de gérer au mieux ces situations complexes.
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